Mayotte pour les nuls et pour mes amis métros  (partie 1)

   Les visiteurs qui passent de temps à autre à l’atelier finissent toujours par me demander : « Et Mayotte, vous voyez son avenir comment ? 
 
     Quelques certitudes pour commencer. Mayotte est une petite île située dans le canal du Mozambique, à 1250 kilomètres de la côte est africaine et à 750 kilomètres de la côte nord-ouest de Madagascar. Ses plus proches voisines sont les îles des Comores ; il y en a trois, la plus proche, Anjouan, est à 75 kilomètres. Les trois îles du nord sont une nation. Mayotte elle, est française, depuis maintenant presque deux siècles, et elle est un département de France. Ressources naturelles quasiment nulles. L’avenir de Mayotte dépend donc de l’avenir de la France dans le canal. Que pense-t-elle y faire, et pour combien de temps. Voilà pour les certitudes. Le reste est spéculation.
 
     A l’avenir la France peut rester dans la région, ou pas ; elle est venue, elle peut repartir. Elle y demeurera si elle y trouve son intérêt, elle en partira si ce n’est pas son intérêt. Pas d’amis mais des intérêts, de Gaulle l’a dit, tout le monde fait ça ; Constitution ou pas constitution. Si le Prince décide de partir il partira. C’est la première hypothèse. Dans la seconde hypothèse c’est Mayotte elle-même qui demande à être émancipée. Question aujourd’hui absurde mais va savoir… C’est le deuxième cas.  L’hypothèse est absurde mais elle est quand même prévue puisque le referendum existe. Mayotte indépendante de la France ? Tout le monde sait bien que c’est non mais si ça devait se produire un jour c’est qu’on aura fait à Mayotte une proposition qu’elle n’aura pas pu refuser.   Parce qu’elle aurait trouvé un tuteur alternatif qui, contrairement à la France, garantit vraiment : sécurité intérieure, liberté, santé, égalité, prospérité, fraternité et possibilités de se garer en ville. Ça n’arrive peut-être pas qu’aux autres. Seul Dieu sait ce qui peut arriver ou pas. Je sais par contre que si les Russes ou les Chinois proposaient ça à Mayotte je signerais tout de suite. Là, sur une île toute petite, sans ressources exceptionnelles, on ne peut pas se permettre de faire les difficiles ; ce qu’on nous donne on le prend. L’indépendance complète n’étant pas possible il restera à s’accommoder du nouveau tuteur. Car il y aura toujours un tuteur, la taille de Mayotte l’exige et l’avenir de Mayotte c’est « qui » va s’occuper d’elle. Question existentielle.
      Mayotte a déjà répondu à des questions existentielles dans le passé, la première d’entre elles en 1841, la seconde en 1974-76. Le choix de 1841 était brutal mais simple. D’un côté on était libre de continuer à faire ce qu’on voulait quand on voulait où on voulait aussi longtemps qu’on le voulait et le plus souvent possible avec qui on voulait. La vie à Mayotte en somme. Entre nous, encocoonés dans nos familles et nos voulés, tout imprégnés de nos habitudes de vivre ensemble, fêtes, cérémonies, repas, prières. Ça c’était la première tenaille. En face on avait le bordel à répétition imposé de tout temps par nos voisins. Razzias sur razzias. S’il n’y avait pas eu les razzias Mayotte eut été parfaite. Pas moyen d’être tranquilles avec nos batailleurs voisins. Qu’elles viennent de la gauche ou de la droite, du nord ou du sud les visites de nos voisins nous ont toujours fait chier. Les Blancs sont venus avec des canons et ils se proposent de les installer ; ça nous convient. Ils peuvent les laisser le temps qu’ils le veulent ; ça tiendra les fous à distance et c’est tout ce qui compte. Français sont les canons, Français donc nous serons et nous aurons enfin ! le cul sorti des ronces.

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5 commentaires

      1. Humbert

        Merci de ta patience en partageant tout ce que tu sais, ce que tu vis et ton avis sur cette île de Mayotte si peu présente dans notre vie de métropolitain!
        La France n’est pas à la hauteur, certes,
        mais la Chine ou la Russie pour moi, c’est loin d’être la panacée…
        Bises de Marseille 😘

        1. On ne prend pas tout au premier degré Mano; la Chine et la Russie sont les vilaines fées du moment; je m’en suis servi pour forcer le trait. En 1841 le ras le bol Mahorais était tel que la population se serait alliée au Diable pour protéger Mayotte de ses voisins, pourvu que le diable ait eu des canons. Aujourd’hui le ras le bol atteint un tel niveau que c’est l’identité mahoraise qui est en danger; et un jour viendra, c’est ma vision et c’est ma peur, où la France trahira Mayotte. Je développerai dans mes prochains billets. Ceci dit je pense que je ne souffrirais pas du tout de vivre en Russie, à condition que ce soit bien chauffé en hiver; les arts russes sont magnifiques. Et pour peu que je puisse être proche d’artisans chinois je crois que je pourrais aussi me plaire en Chine. Mais mon vrai rêve était d’aller à Cuba. Dans une autre vie, peut-être…

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